Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

ARTISET 03 I 2023 49 «Le manifeste s’adresse aux stylistes, et designers afin que les prothèses et autres particularités anatomiques soient prises en compte, pour rendre à chaque personne dignité et beauté.» Teresa Maranzano, responsable du programme Tu es canon sujet requiert une connaissance des matières bien plus grande que simplement celle des tissus ou de la coupe», précise Teresa Maranzano. Ce processus de création a captivé les étudiantes et étudiants à l’instar de Jeffrey Krieger, sur le point de commencer sa troisième année de Bachelor en design industriel à l’ECAL. Pendant tout un semestre, l’étudiant suit cet atelier en se concentrant sans relâche sur la mise en œuvre de son idée première: une fermeture grâce à des aimants! «Je me suis intéressé aux boutons-pression et aux boutons de chemise qui demandent de la force pour les premiers et de la dextérité pour les seconds», explique Jeffrey Krieger. «J’ai donc utilisé les propriétés des aimants qui s’attirent et se rencontrent fermement. Le défi était toutefois que la fermeture résiste durablement. Les designers explorent souvent plusieurs pistes lorsqu’ils créent. Au contraire de moi qui suis resté campé sur mon idée d’aimant sans jamais m’en écarter. Je suis de caractère assez tenace», reconnaît-il avec le sourire. Durant tout le semestre, cinq personnes en situation de handicap, dont Jérôme Gaudin, viennent fréquemment tester les avancées des projets des étudiantes et étudiants. «Grâce à cet atelier, nous avons perçu les retours du monde réel, ce qui était nouveau pour nous et les échanges m’ont permis de prendre conscience de leur quotidien difficile.» Consultant sur les questions de handicap, Jérôme Gaudin avoue ne pas regarder les magazines de mode ni être un «fashionista». Toutefois, selon Un manifeste pour une mode adaptée au plus grand nombre. lui, il existe un véritable enjeu de la mode par rapport au handicap: pouvoir s’habiller comme on le souhaite et avoir accès à des vêtements et accessoires adaptés, accessibles à toutes et tous et durables. «J’ai dépassé mon raisonnement personnel en conseillant aux étudiantes et étudiants de ne pas penser à tel ou tel handicap lors de leur processus créatif. Réaliser du sur-­ mesure coûte en effet trop cher», relate-t-il. «Le but est de pouvoir trouver du matériel adapté dans les commerces de masse.» Début mars, une sélection des projets des étudiantes et étudiants de l’ECAL a été exposée au MUDAC, le musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains à Lausanne. Pour l’instant, les projets de l’ECAL sont encore des prototypes mais peutêtre que certains pourront être commercialisés par la suite. «Je l’espère vivement, car je suis persuadé qu’ils serviront une cause utile et juste», confie Jeffrey Krieger.

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