Une architecture adaptée

ARTISET 01 I 2023 13 Le directeur Werner Kuster en est bien conscient: peu de jeunes vivent de leur plein gré en institution. Le groupe d’habitation externe Hagenbuch, du foyer scolaire Elgg, a toutefois été conçu jusque dans les moindres détails, de la forme aux couleurs en passant par les matériaux, afin que les jeunes s’y sentent bien et trouvent leur place. Claudia Weiss Tout a commencé par un modèle de maison, une idée de ce qui pourrait idéalement ressembler une maison d’habitation pour jeunes. L’architecte Ruedi Zehnder explique avec enthousiasme le croquis du modèle. Puis, se tenant devant le groupe d’habitation externe Hagenbuch du foyer scolaire Elgg, dans le canton de Zurich, il pointe du doigt la maison située à côté d’un immense noyer. «Lorsque nous avons construit ce bâtiment, nous nous sommes rapprochés du modèle idéal autant que la configuration du terrain et les normes de construction nous l’ont permis», explique-t-il. Il a délibérément intégré le noyer dans le programme architectural pour en faire un arbre de vie autour duquel le bâtiment forme un angle, avec deux cours intérieures pour les grillades, la détente et les parties de ping-pong. Ruedi Zehnder présente la maison construite en bois, dont l’isolation est faite de flocons de cellulose et de laine de mouton, et dotée d’un toit à deux pans comme exigé par la commune. Tous les matériaux ont été choisis avec soin, dans le respect de la nature, afin de créer une atmosphère conviviale et harmonieuse. C’était essentiel, explique Werner Kuster, le directeur général du foyer scolaire Elgg: «Nombre de jeunes sont très sensibles, et souffrent parfois d’allergies.» Par ailleurs, la couleur des façades joue avec le vert du foyer scolaire Elgg et s’accorde à la campagne alentour. Les échelons de bois qui garnissent les murs ajoutent un aspect ludique, comme pour rappeler que des jeunes vivent ici. L’ensemble a été minutieusement pensé. De la pointe du toit jusqu’au sous-sol, Ruedi Zehnder et Werner Kuster ont réfléchi aux couleurs, aux formes et aux matériaux à utiliser pour apporter de la légèreté et offrir à dix jeunes au maximum une cohabitation agréable et détendue. L’ancienne maison du groupe d’habitation a bien aidé à la planification, explique Werner Kuster. Il s’agissait d’une ancienne ferme du 18e siècle. Les escaliers étaient étroits, les plafonds bas, les chambres doubles trop petites et les salles de bains trop peu nombreuses, ce qui créait beaucoup de tensions. Durant ses quinze années à la tête de l’école, Werner Kuster a pu constater ce qui ne convenait pas du tout aux jeunes: les chambres doubles, par exemple, sont dépassées, en particulier pour les jeunes qui ne sont pas de la même fratrie. «Des chambres individuelles et suffisamment de salles de bains permettent en outre de prévenir les agressions.» «Le chêne relie à la terre» Ruedi Zehnder acquiesce: «Ce mauvais exemple nous a permis d’avancer», affirme-t-il. Il est ainsi vite apparu comme une évidence qu’un escalier trop étroit était source de stress dès l’entrée, car les jeunes jouaient des coudes pour passer en premier. Dès lors, un large et solide escalier en chêne constitue le cœur de la maison de Hagenbuch, s’étirant, tel un tronc d’arbre, de la cave au deuxième étage. «Le chêne relie à la terre», explique l’architecte. Un apprenti dessinateur a conçu le joli motif en forme de branche qui laisse passer la lumière sur la paroi latérale en bois. Lorsque plusieurs jeunes montent et descendent les escaliers en courant, cela fait certes beaucoup de bruit, reconnaît Georg Häusler, éducateur social. «Cependant, je constate que les relations entre les jeunes sont nettement plus détendues grâce à l’organisation généreuse de l’espace.» L’entrée de la maison s’ouvre sur un grand vestiaire, offrant suffisamment de place. Une cuisine spacieuse et une salle à manger bénéficient de larges baies vitrées. Les

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