Magazine ARTISET_3-2022_Citoyenneté politique et participati

ARTISET 03 I 2022 27 qui l’engagement politique ne se résume pas uniquement aux votations et aux élections. «L’important, c’est l’autonomisation et la responsabilisation. Pour changer les choses, il faut avoir des compétences!» La base: savoir accepter et gérer la frustration Voilà pourquoi elle estime tant la démocratie et approuve la Journée de la démocratie du 15 septembre: «C’est vraiment quelque chose à célébrer!» Elle se réjouit que pratiquement tous les gymnases du canton de Berne aient déposé un projet en lien avec la démocratie, des expositions, des discussions ou des ateliers de toutes sortes. Les institutions seront-elle également de la partie? Elle prend soigneusement le temps de la réflexion, consulte ses documents et secoue la tête: «La plateforme leur est également ouverte, et nous aimerions qu’elles participent, mais jusqu’à présent, je n’ai malheureusement pratiquement eu aucun contact avec les institutions.» Nicole Wolschendorf, directrice du groupe d’habitation Rose à Heiden (AR), reconnaît certes l’importance de donner aux filles et jeunes femmes de son groupe résidentiel d’éducation spécialisée les outils nécessaires pour qu’elles puissent se réaliser elles-mêmes et accéder à la participation. «Nous travaillons sur des sujets comme accepter la frustration, réguler ses émotions, former des groupes, élaborer des visions communes de l’avenir ou encore assumer des responsabilités», explique-t-elle. Mais beaucoup de ces jeunes, qui ont entre 13 et 18 ans, sont traumatisées, et la «grande» politique ne constitue pas encore un sujet de préoccupation pour la plupart d’entre elles. Même lorsque des collaboratrices se sont rendues à Saint-Gall avec les jeunes à l’occasion de la grève des femmes, la plupart d’entre elles n’avaient pas vraiment compris de quoi il s’agissait. «Certaines étaient tout simplement trop jeunes et surtout, toutes ont tellement de problèmes à surmonter que les thématiques qui touchent les femmes en général sont des questions beaucoup trop éloignées de leur réalité.» L’éducation civique, pour ce qui concerne le groupe d’habitation Rose, est par conséquent essentiellement axé sur les bases: «Comment puis-je me faire ma propre opinion, l’exprimer et la défendre?» Et, surtout: «Comment faire savoir que quelque chose me dérange sans agresser les autres?» Développement personnel et encouragement à l’autonomie sont les maîtres mots auxquels Nicole Wolschendorf se réfère souvent, ainsi que la participation par le biais de l’information, de la codécision ou de l’implication. Pour cela, l’équipe de Rose a recours à des méthodes comme la pédagogie du traumatisme, l’analyse transactionnelle ou encore la pédagogie expérientielle. «Nos clientes doivent développer une sécurité intérieure et apprendre à se comporter en phase avec une situation donnée», résume Nicole Wolschendorf. Susciter le plaisir de s’engager Pour Carol Schafroth, de Campus pour la démocratie, cette approche est aussi la meilleure pour initier les jeunes à la politique: «L’important, c’est de participer et de prendre ses responsabilités au quotidien.» Elle entend souvent dire qu’à l’école, les cours d’éducation civique débutent par l’étude de la Constitution ou par le système de représentation via les partis. Pour elle, c’est vraiment dommage, car de nombreux jeunes décrochent déjà à ce stade. «Évidemment, l’actuelle révision de l’AVS, par exemple, est extrêmement importante pour les jeunes», souligne-t-elle. «Mais pour ces jeunes, c’est également quelque chose de très lointain.» Des thématiques plus proches de leur réalité, des mots faciles à comprendre et des approches diversifiées sont bien plus adaptés pour les initier à la citoyenneté. Pour soutenir les établissements scolaires ou les institutions dans leurs efforts en matière d’éducation civique, Campus pour la démocratie joue le rôle de plateforme logistique en rassemblant les sujets et le matériel d’information, en organisant des évènements, en mettant à disposition des spécialistes ou en contribuant tout simplement à faire naître de nouvelles idées. Comme l’explique Carol Schafroth, si une personne souhaite s’engager en faveur d’une piste cyclable, par exemple, elle a d’autres possibilités que lancer une pétition. «Nous voulons montrer aux jeunes qu’il est aussi possible d’écrire une lettre au conseil communal, de s’engager au sein de ProVelo ou de constituer leur propre groupe d’intérêts.» C’est un moyen simple d’entrer en politique et de susciter le plaisir de s’impliquer pour des questions importantes. On peut évidemment toujours choisir de devenir membre de la Jeunesse socialiste suisse, des Jeunes Vert·e·x·s ou des Jeunes UDC, mais ce n’est en aucun cas obligatoire pour s’engager en politique. LE CONSENSUS DE BEUTELSBACH POUR LES ÉCOLES ■ L’interdiction d’user de son influence pour emporter l’adhésion d’une autre personne stipule qu’il est interdit aux enseignant·e·s d’endoctriner leurs élèves. ■ Le principe de la controverse stipule que ce qui, dans la société en général, est l’objet de controverses doit l’être au même titre dans l’enseignement. ■ L’orientation axée sur les élèves impose que les élèves soient en mesure d’analyser leurs propres valeurs et intérêts pour pouvoir apprendre à influencer la situation politique dans le sens qui leur convient. Projets et informations pour l’éducation à la citoyenneté à l’école: ➞ campusdemokratie.ch ➞ www.campusdemokratie.ch/fr/ journee-de-la-democratie/ À la une

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