Magazine ARTISET_3-2022_Citoyenneté politique et participati

ARTISET 03 I 2022 3 Éditorial «Le pouvoir d’intégration de notre système politique ne peut se déployer que si des personnes avec des capacités et des intérêts les plus divers y participent.» Elisabeth Seifert, rédactrice en chef Chère lectrice, cher lecteur, Tandis que je rédige ces lignes, partout en Suisse on discute du pour et du contre des quatre objets nationaux qui seront soumis à la votation populaire le 25 septembre. Deux questions, surtout, alimentent les débats: l’âge de la retraite des femmes doit-il être relevé à 65 ans? Et l’élevage des animaux doit-il répondre à des exigences plus strictes? Ce sont là des sujets importants qui nous préoccupent toutes et tous et sur lesquels, en tant que citoyennes et citoyens, nous pouvons influer. Cela concerne quiconque dispose des droits politiques et les exerce effectivement. La possibilité de participer à la définition des conditions-cadres de notre vie a été pour moi, à l’époque, la principale raison qui m’a poussée à demander la nationalité suisse en tant qu’étrangère avec un permis d’établissement. Depuis, c’est un grand privilège pour moi de prendre part au processus politique, de m’informer, de me forger une opinion et de la confronter dans la discussion. Cependant, toutes les personnes n’ont pas accès à la participation politique et, avec elle, au sentiment d’être membre à part entière de la société. Non qu’elles ne le veuillent pas, mais parce que nous les en excluons. Ainsi, actuellement, des personnes avec des troubles cognitifs ou psychiques n’ont pas l’exercice des droits politiques. C’est en totale contradiction avec la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (page 10). Également en contradiction avec la CDPH, le fait que de nombreuses personnes en situation de handicap ne peuvent pas prendre part au processus politique faute de soutien nécessaire pour ce faire. C’est aussi le cas de nombreuses personnes âgées qui ne se sentent plus capables de participer ou qui estiment que c’est désormais inutile. Le pouvoir d’intégration de notre système politique ne peut pourtant se déployer que si des personnes avec des capacités et des intérêts les plus divers, avec des situations de vie différentes, y prennent part, lancent leurs idées et les soumettent à la discussion. Cela favorise la compréhension et le respect pour des positions différentes et renforce le potentiel de développement pour la société et pour chaque individu. Les articles de cette édition racontent comment les personnes ayant besoin de soutien parviennent à faire entendre leur voix et leurs opinions, et ce que la société pourrait entreprendre pour les soutenir dans leur participation politique. Les prestataires de services ont une responsabilité particulière. À cet égard, l’espace citoyen créé par la Fondation Eben-Hézer Lausanne avec la Maison de quartier de Chailly est exemplaire, invitant les personnes avec et sans handicap à discuter des objets politiques, dont, tout récemment, la réforme de l’AVS (page 14). Tout à fait passionnants sont aussi les travaux de recherche en Suisse romande qui démontrent l’importance de la citoyenneté politique pour la qualité de vie des personnes âgées en EMS (page 20). La participation au sein des institutions constitue un premier pas essentiel vers la participation politique, qu’il s’agisse d’institutions pour des personnes en situation de handicap, des personnes âgées ou des enfants et des jeunes. Photo de couverture: dans la Maison de quartier de Chailly, à Lausanne, des personnes avec et sans handicap ont discuté le 3 septembre dernier de la réforme de l’AVS. Photo: Hélène Tobler

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