Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

10 ARTISET 03 I 2023 À la une Par leur travail de «traduction» et la recherche de solutions individuelles dans l’intérêt des personnes ayant besoin de soutien, les entreprises sociales peuvent avoir un impact considérable sur le marché ordinaire du travail. C’est l’avis de Beni Brennwald*, le fondateur de la société Grundlagenwerk, à Wangen bei Olten. Il a décidé de se consacrer au développement de concepts d’entreprise applicables dans la pratique des institutions sociales. Propos recueillis par Elisabeth Seifert «Concilier les entreprises sociales et l’économie» Grundlagenwerk est une fabrique d’idées pour les entreprises sociales de demain. Les institutions sociales ont-elles donc aussi des perspectives d’avenir? Beni Brennwald – Je crois que oui, et justement en raison de leur passé. Le travail social existe depuis plus d’un siècle en Suisse. Cette longue histoire a permis de développer beaucoup de savoir-faire dans les domaines de l’éducation sociale, du travail social et de l’accompagnement socioprofessionnel. Des réseaux régionaux et nationaux ont été développés, et une expérience considérable a été acquise. Si on ne tient pas compte des entreprises ou institutions sociales à l’avenir, c’est un savoir-faire qui manquera. Pourtant, les entreprises sociales traditionnelles ne subissent-elles pas une pression croissante? Dans un marché en perpétuel mouvement, ce qui ne change pas a généralement peu d’avenir, peu importe la nature de l’entreprise. Et je crains que les institutions sociales ne disposent pas toujours de la capacité à s’adapter aux nouvelles exigences. Le fait de s’accrocher à certaines structures développées dans le passé s’explique néanmoins par la mission que les institutions sociales ont remplie durant des décennies. De quelle mission parlez-vous? Historiquement, pour simplifier les choses, le travail social avait pour mission de permettre aux personnes défavorisées d’avoir accès à la société et d’y participer. Autrefois, cela se faisait davantage au travers d’institutions englobant habitat et travail, car elles accompagnent des personnes qui connaissent des situations de vie extrêmement complexes, avec des destins personnels compliqués. La responsabilité qui en découle est immense. Il est donc compréhensible qu’elles misent sur des solutions éprouvées, qui ont mûri au fil du temps et qui sont donc solides. Dans quelle mesure les exigences ont-elles changé? Ces dernières années, il y a eu des changements au niveau de la société et de la législation. Par exemple, l’AI s’est un peu éloignée de la logique de la rente et a redoublé d’efforts pour réinsérer les personnes concernées sur le marché du travail. L’aide sociale mise davantage aussi sur l’intégration. De plus, au lieu des solutions généralisées, on cherche des possibilités individuelles adaptées aux besoins spécifiques des personnes afin de favoriser la responsabilité individuelle et la participation. Il faut donc des offres de plus en plus souples et adaptées.

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