Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

ARTISET 03 I 2023 23 De l’extérieur, le bâtiment carré situé dans le quartier Loren à Uster (ZH) a l’air moderne, mais il n’attire pas l’attention. À l’intérieur toutefois, un modèle pionnier s’y déploie depuis un an: le «Mehrwerk», un espace de travail inclusif, où les personnes avec ou sans besoin de soutien collaborent sous un même toit. Grâce à ce dispositif de multi-atelier, les personnes ayant des troubles cognitifs ou un besoin d’accompagnement accru peuvent travailler dans et avec des entreprises. Les équipes de Werkheim Uster occupent la moitié des locaux, l’autre étant louée à des entreprises locales qui étaient déjà installées dans le bâtiment lors de son rachat par la fondation Werkheim. C’était une occasion unique: le «Mehrwerk» offre un espace collaboratif réunissant des personnes avec et sans handicap, «dans un seul bâtiment, avec les mêmes droits et sur un pied d’égalité», comme l’explique le directeur Patrick Stark. Certaines personnes occupent des emplois protégés dans des ateliers de production de Werkheim ou travaillent au contact de la clientèle à la réception ou à la cafétéria. D’autres exécutent des tâches sur site dans les entreprises du bâtiment ou du voisinage. On peut ainsi croiser des collaboratrices et collaborateurs de Werkheim apportant des colis, venant chercher le courrier, collectant et éliminant les produits à recycler ou s’occupant des plantes et de la propreté des bureaux. Ils travaillent soit de manière fixe pour l’une des entreprises partie prenante du projet «Mehrwerk», soit pour des entreprises externes comme IKEA ou Migros. Son ancrage régional et sa collaboration avec l’économie locale ont caractérisé la fondation Werkheim dès sa création en 1980. L’institution a vu le jour à l’initiative de parents engagés, d’Insieme et des communes de la région, pour répondre à un besoin. Aujourd’hui, Werkheim emploie 280 personnes en situation de handicap ainsi que 315 professionnel·les dans les entreprises et le groupe d’habitation. «Ces dernières années, nous avons progressivement orienté nos prestations vers le soutien et le service», précise Patrick Stark. «Notre objectif est de faire tomber les barrières dans toutes les têtes: celles de la population d’Uster, qui est déjà ouverte depuis longtemps aux personnes ayant des besoins particuliers dans la «ville pour toutes et tous», celles des professionnel·les de Werkheim, mais aussi des personnes concernées elles-mêmes. «Elles aussi doivent apprendre à revoir leur manière de penser», explique Daniel Dietrich, chef du secteur Entreprises. «Certaines personnes fabriquent des brides à clouer ou des allume-feu K-Lumet depuis des années; elles doivent se rendre compte par elles-mêmes Au cœur de l’espace «Mehrwerk», la Piazza favorise les rencontres entre collaboratrices et collaborateurs avec et sans handicap, pour faire tomber les barrières – de part et d’autre. Photo: Werkheim Uster

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