Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

24 ARTISET 03 I 2023 «Dans les projets aussi, nous souhaitons davantage intégrer le point de vue des collaboratrices et collaborateurs.» Patrick Stark, directeur de la fondation Werkheim Uster qu’elles peuvent en réalité faire bien d’autres choses.» C’est ce qui explique que le modèle «Mehrwerk», lancé à fin novembre 2021, a la réputation d’être très innovant dans les milieux spécialisés, se réjouit Daniel Dietrich. Et de préciser: «Nul besoin que cela soit couché sur papier glacé. Ce qui compte, c’est l’état d’esprit.» Cette attitude se confirme lors de la visite guidée de la structure «Mehrwerk», qui commence dans la Piazza, la vaste salle de réunion du deuxième étage, au centre du bâtiment. Cette «place» facilite les rencontres quotidiennes entre les collaboratrices et collaborateurs avec ou sans handicap et favorise l’inclusion. Daniel Droco y attend déjà et s’élance de la balancelle de jardin pour souhaiter aimablement la bienvenue: ce jour-là, il expliquera les différents services de «Mehrwerk». Que les collaboratrices et collaborateurs s’en chargent plutôt que des professionnel·les révèle l’état d’esprit de toute la maison, explique le directeur Patrick Stark: «Nous voulons davantage montrer aussi à l’extérieur que nous collaborons sur un pied d’égalité.» Les équipes professionnelles socio-éducatives et socioprofessionnelles ainsi que d’autres personnes en charge de l’accompagnement, explique-t-il, fournissent en fin de compte une prestation de service aux collaboratrices et collaborateurs. Et c’est précisément ce qui doit être visible. De plus, cela fait sens, puisque Daniel Droco connaît chacun des postes de par son expérience personnelle (lire l’encadré). Avec assurance, il fait visiter le montage et la confection au deuxième étage, puis la réception, le recyclage et la mécanique au rez-dechaussée. Une partie des locaux des premier et troisième étages sont loués à des entreprises. Grâce à cette proximité géographique, la fondation Werkheim peut aussi proposer des emplois intégrés en entreprise, en plus de la diversité des emplois protégés dans ses propres ateliers. Les cinq ateliers «Mehrwerk», «Kunstvoll», «Gartenraum», «Hauskraft» et «8610 Gastronomie» offrent un large éventail d’emplois dans divers secteurs allant de l’industrie textile au jardinage en passant par la restauration. Tous les ateliers proposent également des postes de travail au contact direct avec la clientèle et une intégration progressive dans l’économie. Lors de toutes ces activités, la fondation veille à soutenir les membres de son personnel, d’exploiter leurs atouts et de développer leurs aptitudes, sans jamais perdre de vue leurs besoins. Une première enquête de la Haute école spécialisée du nordouest de la Suisse sur le projet «Mehrwerk» révèle que les collaboratrices et collaborateurs sont très satisfaits, et que les emplois inclusifs leur conviennent. Pour renforcer encore leur participation, la fondation Werkheim Uster a créé un conseil d’entreprise. Les collaboratrices et collaborateurs élus défendent les intérêts de leurs collègues. «Dans les projets aussi, nous souhaitons davantage intégrer leur point de vue», explique Patrick Stark. «Pour nous, il est important de tenir compte de leurs idées et réflexions.» Ainsi, un premier feed-back a permis d’établir clairement que le personnel qui vit dans les logements de la fondation Werkheim n’appréciait pas du tout l’ancien système de documentation, car les professionnel·les du secteur Habitat et Logement pouvaient avoir accès à tout. «S’il vous plaît, séparez les choses», a demandé un collaborateur. «Je ne veux pas que tout le monde sache ce qui s’est passé au travail ou chez moi.» Selon Patrick Stark, cet exemple montre que toutes les voix doivent être entendues. À la une

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