Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

ARTISET 03 I 2023 25 Grande adaptabilité des emplois Parmi les quatre-vingts membres du personnel de «Mehrwerk», un quart peut actuellement travailler en intégration sur une base horaire ou journalière au sein d’une entreprise. L’AI finance les mesures professionnelles et la formation, et le canton les emplois intégrés. Les coachs en développement de la fondation Werkheim, en général des accompagnantes et accompagnants socioprofessionnels qui aiment ce travail, soutiennent les collaboratrices et collaborateurs dans leur parcours d’intégration. «Toutes les étapes allant de l’emploi protégé aux emplois intégrés en entreprise sont très perméables et peuvent être facilement ajustées», explique Daniel Dietrich. Pour le moment, il considère que l’étape vers le marché du travail ordinaire reste un grand défi. «Rares sont les personnes pour qui l’intégration est complète.» Une telle étape doit être mûrement réfléchie et accompagnée, car le risque de surmenage est grand et de voir le soutien de l’AI disparaître avec la suppression de la rente. Il espère voir une amélioration à ce propos à l’avenir. Si c’est le cas, les équipes professionnelles de la fondation pourront travailler davantage encore sur le changement d’état d’esprit des collaboratrices et collaborateurs, les encourageant à développer leur potentiel pour prendre part plus activement au marché du travail ordinaire. Le collaborateur du service mécanique, Daniel Droco, est maintenant arrivé à la fin de sa visite guidée. Il lit fièrement la dernière page de son guide: «Mehrwerk, c’est plus de collaboration, plus de possibilités, plus d’inclusion, plus d’autonomie.» Il acquiesce et demande poliment s’il y a encore des questions, avant de prendre congé: il est temps d’aller manger à la cafétéria, où une belle mixité de collaboratrices et collaborateurs de «Mehrwerk» et des entreprises locataires est déjà en train de se restaurer. Depuis quelque temps, Daniel Droco a rejoint le groupe de mécanique, installé au rez-de-chaussée, derrière la réception et à proximité du local de recyclage. Visiblement, il y est dans son élément, entre le graveur laser, pour le marquage de matériaux comme l’aluminium, les tours CNC pour l’usinage de pièces métalliques et les fraiseuses, ou encore les scies circulaires verticales. Il ne se sert pas encore de toutes ces machines, parfois très complexes. Mais il se réjouit de chaque nouvelle étape d’apprentissage. Reviendra-t-il un jour dans le bureau «d’entretien créatif» pour envisager un emploi inclusif dans une société externe? Il ne le sait pas encore. Pour le moment, cela lui importe peu: «En mécanique, de nombreuses tâches captivantes m’attendent. Cela me plaît beaucoup!» UNE CARRIÈRE À L’ESPACE «MEHRWERK» Daniel Droco, 31 ans, travaille depuis près de quinze ans à la fondation Werkheim Uster, puis à l’espace «Mehrwerk», depuis son ouverture en novembre 2021. Il a fait ses débuts au deuxième étage, où les collaboratrices et collaborateurs fabriquent soigneusement à la main des brides à clouer, ainsi que des allume-feu K-Lumet avec des restes de bois et de cire, des rouleaux de papier de toilettes et des mèches. On y effectue aussi des travaux d’emballage et de montage. Daniel Droco a travaillé sur tous les produits. Il a aussi rempli des coussins de yoga avant de les préparer pour la livraison. Il va d’un poste de travail à l’autre et explique avec assurance les différentes tâches. Dans la grande pièce attenante, des bobines de déclenchement sont pressées, enroulées puis soudées, avant d’être rigoureusement testées. «Quand l’une d’elle ne fonctionne pas, tout le monde doit aider à en trouver la cause», explique Daniel Droco. Il poursuit la visite et indique un petit bureau: «Ici, c’est pour ainsi dire le bureau des entretiens créatifs: les professionnel·les et les collaboratrices et collaborateurs s’y rencontrent. Ensemble, ils évaluent la satisfaction personnelle et discutent de la suite à donner.» Il y a un an et demi, Daniel Droco était luimême assis dans cette pièce. Au cours de l’entretien, il est apparu qu’il connaissait tellement bien toutes les tâches qui luis avaient été confiées qu’un nouveau défi s’imposait. Daniel Droco, qui sert parfois de guide aux personnes qui visitent le «Mehrwerk», travaille depuis une année et demie dans l’atelier de mécanique. Il apprécie beaucoup le travail sur les machines. Photo: Werkheim Uster

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