Les entreprises sociales en mutation | Magazine ARTISET | 3-2023

40 ARTISET 03 I 2023 L’actu À l’entrée de la maison de soins St. Johann, à Bâle, la question enthousiasme ou perturbe, c’est selon: «Avant de mourir, j’aimerais …» Le directeur André Gyr se réjouit des réactions qu’elle suscite, car cela signifie que les réflexions et les discussions vont bon train. Il veut montrer que la mort fait aussi partie de la vie, finalement. Claudia Weiss «Il est davantage question de vie que de mort» «Vivre une véritable histoire d’amour», «prendre ma mère dans mes bras une dernière fois», «qu’il y ait la paix dans le monde» … Qu’aimeriez-vous encore vivre avant de mourir? André Gyr est convaincu que l’on ne se pose la question jamais assez tôt, «mais on peut tout à fait se la poser plus tard, par exemple lors de son entrée dans un établissement de soins». L’automne dernier, André Gyr, le directeur de la maison de soins St. Johann, à Bâle, a fait installer cinq grands tableaux noirs à côté de l’entrée. Sur le haut des tableaux, il a fait inscrire «Before I die, I want to …», «Bevor ich sterbe, möchte ich …» et «Bevor i schtirb, möchti …» («Avant de mourir, j’aimerais …). En-dessous, sur les lignes vides, les personnes peuvent écrire leurs souhaits à la craie et les partager ainsi avec les autres. Selon les instructions d’André Gyr, les messages ne doivent être «ni élaborés ni intelligents, non, mais simplement laissés en passant, pour les besoins de l’âme». Cette question invite les gens qui passent à marquer un temps d’arrêt. Les souhaits exprimés sont divers, des plus simples comme «juste faire ce que je veux» ou «devenir riche», aux plus émouvants, comme «pouvoir mettre au monde». Des phrases telles que «ouvrir mon propre restaurant!», «n’avoir aucun regret» ou «donner un sens à ma vie» attestent de besoins de l’âme qui, malgré le début de la phrase à compléter, sont davantage liés à la vie qu’à la mort. André Gyr acquiesce. Selon lui, le temps est venu d’intégrer dans nos vies les réflexions liées à la mort: «La vie et la mort sont indissociables, mais souvent, nous occultons simplement la deuxième.» Inspiration d’un projet artistique C’est dans ce but qu’il a repris l’idée de l’artiste new yorkaise Candy Chang et fait accrocher les cinq tableaux géants sur la façade. Dans le même temps, il a lancé un cycle bisannuel avec des manifestations sur le thème de la mort, dont les «Lectures scéniques d’Erich et Gerda», lors desquelles les artistes Irina Schönen et Gian Rupf, un couple de 81 ans, se questionnent sur la vieillesse, la maladie et le sens de la vie. Au fil de l’année, plusieurs idées ont été notées quasiment chaque jour sur les tableaux noirs, d’abord en cascade, puis au compte-gouttes. Plusieurs centaines de messages ont ainsi été recueillis, affirme André Gyr. Certains l’ont surpris, et beaucoup l’ont profondément touché. Mais il est surtout

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