Développer la qualité des soins Magazine ARTISET 4 2023

ARTISET 04 I 2023 39 Deux femmes et deux hommes du Foyer PTA, à La Neuveville, l’expriment: elles et ils veulent participer davantage à la vie politique. «Pourquoi les Vert·es n’ont-ils pas obtenu plus de voix?», interroge par exemple Pia Schneeberger. «Le Conseil fédéral devrait être élu lors d’une Landsgemeinde», propose Heinz Wüthrich. «Il est temps que les gens se soucient davantage de la nature», revendique Stefan Haldimann. Christian Bernhart À l’invitation de l’auteur, un groupe de résidentes et résidents du Foyer PTA pour les personnes en situation de handicap, à La Neuveville (BE), échange à propos des désaccords qu’ils rencontrent dans la vie politique au quotidien. Face au magazine Artiset, ils partagent ouvertement leurs expériences, leurs besoins et leurs souhaits, comme s’ils participaient tout naturellement à la vie en société, comme si la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) était appliquée depuis longtemps en Suisse. Ils ne tardent pas à évoquer les élections fédérales du dimanche 22 octobre, déçus par la défaite du parti des Vert·es. Ils commentent le fait que leurs préoccupations liées à la protection de l’environnement n’aient pas été entendues et se demandent pourquoi. Stefan Haldimann (52 ans), qui cherchait ses mots lors de ses premières interventions, va droit au but à la fin de l’heure de débat avec une interprétation convaincante et un appel: «Trop peu de gens sont allés voter. Je trouve que nous devrions faire plus pour l’environnement. Nous subissons le changement climatique.» Il fait référence à la tempête qui a arraché les toits à La Chaux-de-Fonds en juillet dernier et conclut: «Il est vraiment plus que temps de revoir notre façon de penser et que les gens se soucient davantage de la nature.» De son côté, Heinz Wüthrich (60 ans), ancien magasinier et carreleur, affirme: «J’ai donné ma voix à la Verte Barbara Schwickert car elle s’engage pour le parc solaire», avant de constater avec résignation: «Malheureusement, elle n’a pas été élue au Conseil national.» Des droits politiques pour toutes et tous Leur intérêt politique n’est pas le fait du hasard. Le Foyer PTA, où vivent 45 adultes avec une déficience cognitive ou multiple, a pour projet à long terme de permettre à l’ensemble des résidentes et résidents d’exercer leurs droits dans la même mesure que les personnes sans handicap. Pour les aider à user de leurs droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels au sens de la CDPH, Kay Mattli (28 ans) avait initié des mesures il y a deux ans, dans le cadre de son travail de diplôme d'éducateur social, après avoir constaté une lacune: «J’ai vu que des résidentes et résidents ne recevaient pas le matériel de vote.» Certaines personnes résidentes étaient sous curatelle de portée générale, mais pas toutes. Kay Mattli parle d’investigations globales qui ont dû être menées auprès des curateur·trices. En outre, il affirme avoir pris conscience – et le directeur du foyer Max Widmer aussi – que le matériel de vote à lui seul ne suffisait pas pour que les personnes en situation de handicap puissent exercer leurs droits politiques, la plupart ayant vécu pendant des années sans se forger une opinion politique. Deux rencontres spéciales votations Pour la formation de l’opinion politique, le Foyer PTA a réalisé à ce jour deux rencontres spéciales autour des votations: une première pour la votation du 25 septembre 2022 sur l’élevage intensif et sur le relèvement de l’âge de la retraite pour les femmes, et une deuxième en prévision du dimanche électoral du 22 octobre dernier. À chaque édition, cinq ou six personnes étaient présentes. L’édition spéciale consacrée aux récentes élections a mis en évidence la difficulté de différencier les nombreux partis et candidat·es pour le Conseil national et le Conseil des États, suscitant une certaine appréhension. «Devrons-nous voter à l’avenir?», s’est inquiétée une personne présente. Le résident Stefan Haldimann lui a répondu avec perspicacité, comme s’il avait longtemps suivi des cours de sciences politiques: «Il n’y a pas d’obligation, mais cela fait partie des droits fondamentaux des citoyennes et citoyens suisses de pouvoir voter.» L’actu

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